mercredi 1 mars 2023

Journée Tanabe Jeudi 9 mars 2023

                    La dynamique actuelle des recherches sur la philosophie de Tanabe

 

Colloque international

 

Date : Jeudi 9 mars 2023

Lieu : Maison de la recherche de l’Inalco, 2 rue de Lille, 75007 Paris, 

Auditorium Dumézil

 

9h30 : Accueil
 
9h45-11h00 : Morten Jelby (Archives Husserl), « Expérience pure et durée pure chez le premier Tanabe » (intervention à distance)
 
11h00-12h15 : Sugimura Yasuhiko (Univ. de Kyôto), « Le poids inassumable de l’être et son au-delà. Tanabe avec Lévinas » (intervention à distance)
 
14h00-15h15 : Quentin Blaevoet (Univ. de Strasbourg), 
« La dialectique peut-elle jamais être concrète ? Un commentaire sur l'élaboration de la dialectique absolue de Tanabe Hajime »
 
15h15-16h30 : Kuroda Akinobu (Univ. de Strasbourg), « Une critique de la philosophie de Tanabe au milieu des années 1930. Takizawa Katsumi (1909-1984) »

 

16h45-18h00 : Urai Satoshi (Univ. de Hokkaidô, Sapporo),「「種の論理」から「愛の論理」へ」 : « De la “logique de l’espèce” à la “logique de l’Amour” » (en japonais, avec distribution du texte de l’intervention en français)

 

Résumés

 

Morten Jelby (Archives Husserl), « Expérience pure et durée pure chez le premier Tanabe »

Au long de la deuxième décennie du XXe siècle, Tanabe Hajime tente de formuler une théorie de la connaissance capable de s’affranchir de ce qu’il voit comme un formalisme chez les néokantiens, tout en restant néanmoins fidèle au criticisme. Ayant repris sans interrogation un concept d’expérience par trop empiriste, les néokantiens restent négativement tributaires, dans leur rejet même d’une expérience pure, de l’empirisme qu’ils tentent pourtant d’évincer de la pensée kantienne. En un mot, les difficultés proviennent d’un mélange de pensée et d’expérience, ou du fait que l’expérience a été conçue comme médiée par la pensée. Loin de là, la nouvelle théorie de la connaissance poursuivie par Tanabe doit prendre son point de départ dans l’expérience pure ou immédiate – deux termes seulement provisoires. Or, comment l’expérience pure et immédiate doit-elle se comprendre ? Comment s’intègre-t-elle dans le cadre criticiste ? Et comment pouvons-nous y avoir accès ? Voici les questions que nous tenterons d’élucider dans cette intervention. Dans un premier temps, nous nous arrêterons sur les sources de la compréhension tanabéenne de l’expérience pure/immédiate, et sur la manière dont Tanabe mobilise la durée pure pour donner concrétude à la position néokantienne. Ensuite, nous discuterons la difficulté du retour à cette expérience « immédiate », et la méthodologie proposée par Tanabe. Finalement, nous verrons comment cette méthodologie donne lieu, à la fin des années 1910, à ce que Tanabe appelle une métaphysique, discipline dont nous essayerons de préciser le sens tel qu’il apparaît chez notre auteur.
 
Sugimura Yasuhiko (Univ. de Kyôto), « Le poids inassumable de l’être et son au-delà. Tanabe avec Lévinas » 
La réduction insolite de toutes les choses, y compris le sens de l’être heideggérien, au fait brut qu’ « il y a » détermine tout l’itinéraire d’Emmanuel Lévinas qui finit par trouver sa voie qualifiée d’autrement qu’être. Dans cette démarche, seul s’impose le « poids de l’être » que nous ne faisons qu’éprouver corporellement sans pouvoir l’assumer. La philosophie du « néant absolu » caractéristique de l’École de Kyoto paraît, à première vue, diamétralement opposée à cette descente vers le fond absolument hylétique de la réalité. Cependant, l’examen plus attentif peut montrer que l’approche auto-éveillante du néant absolu partage à bien des égards la même orientation. Tel est particulièrement le cas de Tanabe, car le « fond obscur » de l’être historial et la lourdeur de notre corporéité qui en témoigne constituent la négativité singulière qui se trouve au centre de sa dialectique du néant absolu. Dans cette perspective, notre communication propose de présenter les éléments essentiels de la « logique de l’espèce » que le philosophe japonais développe dans les années 1930 et 1940.

 

Quentin Blaevoet (Univ. de Strasbourg), « La dialectique peut-elle jamais être “concrète” ? Un commentaire sur l'élaboration de la dialectique absolue de Tanabe Hajime » 

En 1930, Tanabe Hajime (1885-1962) lançait sa première critique frontale à l’égard de la pensée de celui qui avait un temps pu être son « maître », Nishida Kitarō (1870-1945) et, une année plus tard, il s’en prenait à la phénoménologie de Martin Heidegger, qu’il avait lui même introduite au Japon en 1924. Il leur reprochait à l’une comme à l’autre leur abstraction et leur opposait le projet d’une « dialectique concrète » (ou « de la concrétude ») censée pouvoir rendre compte de, et à travers laquelle devait pouvoir se saisir et se dire la dynamique de la donation de la réalité telle quelle, ce vers quoi tous s’étaient jusqu’alors mis en chemin, avant, pour ainsi dire, de s’égarer. On peut se demander, cela dit, si cette critique est juste et si dialectique peut jamais être véritablement « concrète ». Toute dialectique ne repose-t-elle pas d’abord sur un moment spéculatif qui, de facto, l’éloigne de la pure donation de la « réalité telle quelle » ? Au cours de cette présentation, nous proposerons deux réponses, c’est-à-dire la réponse apportée par Tanabe dans les études qui constituent le cycle de la « dialectique absolue », dont nous soulignerons les spécificités en la comparant à la dialectique nishidienne qui se développe au même moment et à la dialectique hégélienne qu’elle entend radicaliser, et une critique fondée sur la lecture de L’Être et le Néant, ouvrage dans lequel Sartre a affronté une question similaire.

 

Kuroda Akinobu (Univ. de Strasbourg), « Une critique de la philosophie de Tanabe au milieu des années 1930. Takizawa Katsumi (1909-1984) » 
Au milieu des années 1930, un jeune philosophe inconnu a vivement critiqué la « logique de l’espèce » et la « dialectique de la médiation absolue » de Tanabe. Ce fut Katsumi Takizawa (1909-1984). En 1933, le jeune philosophe japonais, assistant non rémunéré à l’université de Kyûshû, a rédigé un article intitulé « Concepts généraux et objets individuels », loué par Nishida Kitarô pour une compréhension claire de sa philosophie. La même année, Takizawa est parti étudier en Allemagne, principalement auprès de Karl Barth. En 1936, l’année qui suit son retour d’Allemagne, Takizawa publie Les problèmes fondamentaux de la philosophie de Nishida. Dans cet ouvrage, Takizawa critique la position philosophique de Tanabe d’une manière que l’on pourrait qualifier de radicale, sur la base de sa propre compréhension critique de la philosophie de Nishida et de la théologie de Barth. Cet exposé présentera les principaux points de la critique de Takizawa à l’égard de Tanabe et proposera quelques réflexions critiques sur ces derniers.
  
Urai Satoshi (Univ. de Hokkaidô, Sapporo),
「「種の論理」から「愛の論理」へ」 : « De la “logique de l’espèce” à la “logique de l’Amour” » 
Ces dernières années, l’ontologie sociale est devenue l’objet d’une attention particulière non seulement pour les études philosophiques, mais aussi pour les études en sciences sociales. Tanabe Hajime développa lui aussi sa philosophie dans la perspective d’une « ontologie sociale » à travers la « logique de l’espèce » et la « logique de l'Amour ». Sa première ontologie sociale, la « logique de l’espèce », qu’il développa de 1934 à 1941, vise la rationalisation de la société japonaise en temps de guerre, la « logique de l'Amour » vise, elle, le salut de la société japonaise après la Seconde Guerre mondiale mais a été développée dans le cadre d’une philosophie de la religion après l'échec de cette première « logique ». Le but de ma présentation est de rattacher la philosophie de Tanabe aux discussions en ontologie sociale contemporaine à travers la mise au jour du cadre de l’ontologie sociale tanabéenne, qui se développe de la logique de l’espèce vers la logique de l’Amour. Les efforts déployés dans cet article pour mettre au jour le développement de la logique de l’espèce vers la logique de l’Amour et présenter l’histoire de l’ontologie sociale dans le cadre de la « métanoétique » qui fut négligée par les études conduites jusqu’à présent constitueront, par ailleurs, une contribution notable aux études tanabéennes en général.

Vidéoconférence Samedi 26 novembre 2022

 9h–10h suivie d'une discussion d’une heure

NAGAI Shin (Université Tôyô, Tôkyô)

« Paradoxe et circularité : l’« image-archétype » et le « Moi théophanique » dans la philosophie orientale de Toshihiko IZUTSU »

11h : la fin de séance

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr à partir du 22 novembre 2022 contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr, simon.ebersolt@gmail.com, yukiko.kuwayama@inalco.fr

Résumé

À la suite de mon exposé de l'année dernière, dans lequel j’ai présenté un panorama de la « philosophie orientale » de Toshihiko Izutsu, je me focaliserai dans ce qui suit sur un concept précis : « l’image-archétype (元型イマージュ», un concept qu’Izutsu utilise à plusieurs endroits de son œuvre et explique thématiquement dans le chapitre VIII de Conscience et Essence (『意識と本質』, un de ses ouvrages majeurs). En outre, sur la base des résultats de cette analyse, j’essaierai d’approfondir et d’élargir la phénoménologie en un sens métaphysique.

Dans Conscience et Essence, Izutsu s’adonne à des variations sur la corrélation entre la conscience et l’essence au sein des diverses traditions de la philosophie orientale. Il aborde l’« image-archétype » telle une modalité particulière de l’essence, laquelle symbolise la Réalité et possède un caractère spécial de fluidité qui contraste avec une essence par nature fixe.

Il utilise ainsi ce concept, originairement conçu par Carl Gustav Jung comme une structure de la couche profonde de la psyché, en le transformant en un concept ontologique. Mais qui plus est, Izutsu l’utilise également en tant que concept métaphysique, c’est-à-dire en tant que forme de « l’auto-apparition de la Réalité en tant que telle(実在そのものの自己顕現». Dans ce contexte, le terme « archétype » désignerait le statut métaphysique de l’image.

Or, le problème que pose cette image métaphysique comme auto-manifestation de la Réalité en tant que telle est sa structure paradoxale : la Réalité se manifeste certes, mais en cela, elle demeure à la fois elle- même. Ce phénomène paradoxal de la Réalité qui, en tant que telle, auto-apparaît et se dissimule à elle- même en tant qu’apparaissant, devient possible lorsque le Moi (la conscience) qui fait apparaître la Réalité est engagé dans l’immanence de celle-ci et ainsi transformé en un intermédiaire à travers lequel la Réalité auto-apparaît à partir d’elle-même. Dans son ouvrage L’image originale de la philosophie islamique (『イスラーム哲学の原像』), Izutsu analyse cette transformation du Moi (la conscience) en ce qu’il appelle le « Moi théophanique ».

Je retirerai de ces analyses de l’imagination originaire ou de mise en image originaire (Urbildung原像) de la Réalité, que la circularité immanente de la Réalité et du Moi constitue une structure essentielle. J’entends ainsi éclairer par cette structure le paradoxe constituant l’image-archétype, et cela en me référant aux analyses phénoménologiques effectuées entre autres par Michel Henry et Henry Corbin.

Vidéoconférence Samedi 25 juin 2022

 9h-11h (16h-18h heure du Japon)

 

M. Fumihiko SUEKI 末木文美士

(professeur émérite à l’Université de Tôkyô et au Centre international de recherche sur les études japonaises Nichibunken)

  

« Peut-on rendre compte langagièrement de la vérité ? 

 Introduction à la philosophie du Zen et de l’ésotérisme du moyen âge » 

真理は語り得るか。中世禅密序説

 

La communication sera en japonais suivie de présentation résumé en français

par M. Frédéric GIRARD (professeur émérite à l’EFEO)

 

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr  à partir du 22 juin 2022

contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr,simon.ebersolt@gmail.com

 

Résumé 

  La collection d’ouvrages sur le Zen médiéval, en 12 volumes (y compris une annexe) intitulée « Chûsei zenseki sôkan », a été publiée entre 2013 et 2019, par la maison d’édition Rinsen de Kyōto. Elle recueille des reproductions photographiques ainsi que des réimpressions de manuscrits concernant la littérature médiévale du Zen, dûment présentées et introduites.

  Elle rassemble notamment les manuscrits de l’archivium Ôsu de Hôshôin du temple Shinpukuji de l’école de la Vraie Parole (branche Chizan ) de Nagoya ainsi que des manuscrits conservés à l’archivium de la bibliothèque Kanazawa bunko du temple Kintakusan Shômyôji de l’école disciplinaire  de la Vraie Parole.  

  Il est à remarquer que l’on a découvert, dans le temple Shinpukuji, des textes inconnus jusqu’à nos jours de la main de Eisai (1141-1215) et de En.ni (1202-1280).  Ils nous ont apporté une nouvelle vision qui met à mal les idées les plus répandues que l’on a sur le Zen médiéval, parce qu’ils sont profondément associés avec l’enseignement de l’école de la Vraie Parole. Les textes de Eisai sont ceux qui ont été consignés avant son deuxième voyage en Chine sous les Song et qui traitent exclusivement de l’enseignement de l’école de la Vraie Parole.  Concernant les textes de En.ni (qui fonda le temple Tôfuku) et de son disciple Chikotsu Daie (1229-1312), de l’école Zen Rinzai ésotérisée, la collection comprend de nombreux texte de ce dernier, parce que le bouddhisme ésotérique du courant de Chikotsu Daie fut étudié dans le temple Shinpuku. En outre, des textes jusqu’alors inconnus de En.ni ont été également découverts.  Comme ils traitent du Zen dans un contexte ésotérique, il apparaît de façon patente que leur conception du Zen était étroitement liée avec l’ésotérisme.

        En présentant ces textes nouvellement découverts, ma communication se propose d’étudier la possibilité ou non d’exprimer verbalement la vérité, ce qui était en question chez eux. Le Zen insiste sur le fait que « l’éveil n’est pas transmissible au moyen du langage (Furyû moji) » en soulignant le fait qu’il est impossible de rendre compte de la vérité ultime de façon notionnelle et que l’on peut seulement la réaliser par le vécu.  En revanche, l’ésotérisme insiste sur la prédication de la vérité ultime (qu’est la Loi) grâce au corps de la Loi (Hosshin). Cette question était, par conséquent, fondamentale aux 12e et 13e siècles aussi bien pour le Zen que pour l’ésotérisme et c’est pourquoi elle fut étudiée ardemment. 

 

  Nous examinerons les points suivants : 

1. Nous examinerons le sens de la « prédication de la Loi par le corps de la Loi (Hosshin seppô)» chez Kûkai (774-835), car ce concept était la base de discussions au 13e siècle.

2. Avant son deuxième voyage en Chine, Eisai affirma, dans le débat qu’il a entretenu avec le moine Songa dans la région du nord de Kyûshû, que seule était valide la « prédication de la Loi en corps de nature propre (Jishôshin seppô)», alors que Songa a mis en avant la seule « prédication de la Loi en corps d’auto-fruition (Jijuyôshin seppô)».  Quel sens et quel rapport avec le Zen de Eisai ce débat peut-il avoir ? 

3. En.ni pose la question de la possibilité (ou l’impossibilité) d’exprimer à l’aide du langage la vérité ultime dans l’ésotérisme.  

4. La position de Dôgen (1200-1253) diffère de ces deux positions.  Selon lui, la vérité est dicible (Dôtei/Dôtoku). Comment peut-on comprendre le fait ?  

 

Nous examinerons cette problématique à travers des discussions des 12e et 13e siècles où le Zen et l’ésotérisme n’étaient pas considérés indépendamment l’un de l’autre.   

 

Cf. 末木文美士,「中世禅の形成と知の交錯」(末木文美士監修/榎本渉・亀山隆彦・米田真理子編『中世禅の知』臨川書店, 2021,(拙著『禅の中世』、臨川書店、2022予定に改稿収録)

jeudi 19 mai 2022

Vidéoconférences Samedi 28 mai 2022

 14h - 14h45 suivie de discussion d’une demie heure  

     Frédéric GIRARD (EFFEO)

   « Expérience pure de NISHIDA et expérience directe de MOTORA : 

     la structure double de la psychè héritée de la Talité du Traité sur l’acte de foi dans le Grand Véhicule. » 

 

    15h20 - 16h05 suivie de discussion d’une demie heure 

     Raphaël PIERRES (Université Paris I Panthéon-Sorbonne )

    « Décentrer la première personne : WATSUJI Tetsurô, ÔMORI Shôzô et SAKABE Megumi ».

 

    16H40 : fin de séance 

 

Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr  à partir du 24 mai 22

contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.comarthur.mitteau@univ-amu.frsimon.ebersolt@gmail.com

 

Résumé (Frédéric GIRARD)

             L’Etude sur le bien (1911) de Nishida Kitarō (1870-1945) met en avant le concept d’expérience pure ou immédiate (junsui keikenchokusetu keiken 純粋経験直接経験). C’est autour de cette notion qu’il a eu, jeune lycéen, le sentiment de l’avoir perçue comme en rêve en se promenant dans les rues de Kanazawa, qu’il a bâti sa philosophie. Les choses sont unifiées par un seul principe, une seule activité. Nishida ne peut s’empêcher d’affirmer qu’ils sont l’esprit, conçu comme universel et non pas individuel, la conscience de soi unifiée, la volonté, l’action, le Tathandlung de Fichte (1762-1814), et l’intuition intellectuelle. Et, pour lui, la plus grande unité qui unifie le réel est Dieu, la réalité unique qui est présente au cœur de tous les êtres naturels.

            C’est à partir de son expérience de la méditation que Nishida a forgé sa conception de l’expérience pure : « L'expérience pure désigne l'expérience avant que n'apparaissent des oppositions du genre, choses et pensée, ego et autrui, autrement dit elle désigne les données immédiates dans lesquelles il n'y a ni personne connaissante ni chose objet de la connaissance. Ces distinctions entre choses et pensée, ego et autrui, sont considérées comme naissant de rapports au sein de cette expérience. Il va de soi que, ainsi envisagée, l'expérience pure, par définition, précède tout ce qui peut être constitué par les formes du temps, de l'espace et de la causalité; c'est une expérience qui précède la pensée. Qu'est-elle donc? Selon les auteurs, on a plusieurs réponses. Mach y voit une chose sensitive, mais pour Bergson elle est, peut-on dire, un flux infini qu'on ne peut diviser, elle est la durée pure, ce qui est sensitif étant au contraire le produit de la pensée réflexive. »[1] On peut noter que Nishida ne mentionne pas le nom de William James dans cet article de dictionnaire !

            Olivier Lacombe a écrit à propos de l’expérience pure dans le bouddhisme indien de l’école du Milieu, concept qu’il utilise sans avoir connu, semble-t-il, son utilisation chez Nishida : « Ces dialecticiens - nous pensons en particulier à l’école bouddhique du Milieu - se servent de la dialectique non pour établir une doctrine explicative, mais pour faire table rase, afin que l’Expérience ineffable et irreprésentable jaillisse en toute sa pureté. On utilise la dialectique moins pour connaître que pour jeter bas les superstructures secrétées par la vie empirique et qui offusquent la présence immédiate de l’esprit à lui-même. Il s’agit de décaper l’esprit et de le ramener à sa réalité nue, en sorte que l’Expérience surgisse absolument pure »[2]. Il y fait de façon  explicite allusion afin d’illustrer sa logique du lieu, dans son dernier écrit, La logique du lieu et et la vision religieuse du monde, Bashoteki ronri to shūkyōteki sekaikan 場所的論理と宗教的世界観, avril 1945.

            Il est une source plus que probable de cette expérience pure. Nous avons remarqué que, dans son journal, Nishida a accordé une importance primordiale au Traité sur l’acte de foi dans le Grand Véhicule, Dacheng qixinlun 大乗起信論, ce traité apocryphe chinois du VIe siècle qui a tant influencé la philosophie bouddhique chinoise, coréenne et japonaise par la suite. Ce traité lui a permis de mettre en évidence la vérité authentique qu’il recherchait et qu’il a trouvée et qu’il veut illustrer en termes philosophiques et scientifiques actuels.

            Or, il est notable que l’un des professeurs de Nishida depuis septembre 1891, Motora Yūjirō 元良勇次郎 (1858-1912),[3]a rédigé un article touchant notre question, « An Essay on Eastern Philosophy, The idea of ego in oriental philosophy », traduit en français, « Essai sur la philosophie orientale, L’idée de moi dans la philosophie orientale », au Congrès international de psychologie, tenu à Rome du 16 au 30 avril 1905. L’article fait état de l’« expérience directe » en rapport avec l’expérience du Zen. Il l’explicite à l’aide de la doctrine du shinnyo 真如, qui se situe à deux niveaux : « Le Shinnyo, connu par une expérience directe… est la réalité même. Il n’est pas un être personnel, comme le Dieu du christianisme, mais est l’éternelle et immuable existence. » Sans le nommer Motora se réfère au Traité sur l’acte de foi dans le Grand Véhicule qui précisément est connu pour développer la Talité sur deux plans, l’un inconditionné, l’autre conditionné, qui semblent s’opposer aux yeux de l’intelligence conceptuelle mais sont unis dans l’expérience. Motora envisage le dépassement du paradoxe et du dédoublement comme une question aussi vieille que la philosophie même, celle du dépassement du « moi » ou du « soi » par la conscience ou par la volonté, cette dernière étant celle des stoïciens, de Kant et celle à laquelle tend le Zen. Le Zen réduit la connaissance à un aspect de l’activité, et le bouddhisme tient que sous l’angle de l’objectivité du système conceptuel, le dédoublement mental, l’autoréalisation et l’unification grâce à la volonté, relèvent d’un élément immuable, qui ignore le changement, que l’on est contraint de poser afin de comprendre d’où provient ce qui change. C’est cet élément qui est qualifié de Talité, Shinnyo, que Motora traduit par « la réalité en soi », « le fait réel », par opposition au « fait illusoire » qu’est la « représentation » et qui correspond à ce qu’il appelle la « potentialité psychique ». Or, on sait que Nishida a rédigé son « Chapitre partiel d’ouvrage sur l’expérience pure », Junsui keiken ni kansuru danshō 純粋経験に関する断章, au mois d’octobre 1905,[4] soit immédiatement après la publication de l’opuscule de Motora. En outre il publiera dans la Revue de philosophie (Tetsugaku zasshi) au mois d’août 1908 un article intitulé « Expérience pure, réflexion, volonté et intuition intellectuelle », qui reprend mot pour mot une partie de son Etude sur le bien, avant de publier un nouvel article dans la même revue, au mois de février 1910, intitulé « Rapports et relations mutuels dans l’expérience pure », objet d’une conférence trois mois auparavant.[5] On peut considérer que le point de départ méthodologique de Nishida caractérisé par l’« expérience pure » est dans ses spécificités en lien direct avec les positions de son professeur de psychologie Motora, soit qu’il en ait hérité à travers son enseignement soit qu’il en ait eu connaissance par cet opuscule de 1905. N’est-ce pas cette Talité que Nishida qualifie de « réalité » ou « vraie réalité », jitsuzai 実在, depuis l’époque d’Etude sur le bien ? 

 

 

Résumé (Raphaël PIERRES)

         Décentrer la première personne : Watsuji Tetsurô, Ômori Shôzô et Megumi Sakabe

Dans le fil d’une enquête que nous avons engagée sur le statut de l’intériorité, en particulier

chez Nishida Kitarô (2017-2020), puis sur la notion de  (2021-2022), nous proposons ici

une interrogation générale autour du décentrement de la première personne que nous

observons dans les textes philosophiques écrits en japonais. Au croisement de considérations

linguistiques, culturelles et conceptuelles, il en va du statut de l’ego vis-à-vis de l’altérité.

Cette étude est une manière pour nous de problématiser sous un angle nouveau l’universalité

et l’évidence du « Je pense ».  Que devient ce « je pense » dans une langue où le sujet n’a pas

valeur de condition indispensable, mais presque de complément circonstanciel ?

          Le travail désormais classique de Watsuji Tetsurô nous offrira un point d’entrée dans cette

question en nous amenant à prendre conscience des circonstances dans lesquelles la personne

se construit et s’inscrit, dans une double dimension, médiale et intersubjective. Nous

analyserons alors la tentative d’Ômori Shôzô de constituer une ontologie moniste en

proposant une critique réaliste (au sens épistémologique) de la distinction entre la chose et sa

représentation, entre l’objet et le sujet : il en va du point où la grammaire se noue à

l’ontologie. Le travail de Sakabe Megumi nous permettra enfin de faire la synthèse de ces

différents aspects en proposant à la fois une critique de la notion de sujet, et une

compréhension nouvelle de la notion de personne.

         Ainsi, prendre au sérieux l’inscription de la première personne dans le langage (sans toutefois

l’y réduire) nous conduira à explorer les intersections entre les champs linguistiques,

métaphysiques, épistémologiques, éthiques et esthétiques. Il faudra enfin en tirer les leçons. Si

nous faisons porter l’accent sur la manière dont la constitution de la première personne est

située, si ce sont finalement les autres personnes qui en sont la condition et lui donnent sa

pleine signification : la première personne n’est-elle jamais que seconde ?

 



[1]Article junsui keikenPure experience, Reine Erfahrung), dans le Dictionnaire de philosophie de Iwanami, p.480.

[2]Voir Olivier Lacombe, « L'expérience mystique », 1963, in Indianité, Paris 1979, pp.199-200 (Expérience pure par décapage de l'esprit selon le Madhyāmika; par arrêt des fabrications mentales selon le Yoga; la connaissance née de l'union de l'Expérience pure et de l'imagination transcendantale chez Diṅnāga et Śankara; la "connaissance générale chez le P. Surin (XVIIe siècle). Sur cette notion, voir la doctrine du "pancalisme" de T.Mark Baldwin (1861-1934)(Genetic Logic et Genetic theory of reality; voir Emile Bréhier, Histoire de la philosophie, T.II-4, p.995).

[3]NKZ, XIX, p. 744. Professeur à l’université impériale de Tokyo.  Nishida donne des cours de psychologie à partir de juillet 1899 au Lycée, Idem, p. 746. Il revoit son professeur en avril 1907, Idem, p. 749.

[4]NKZ, XIX, p. 748.

[5]NKZ, XIX, p. 750.

vendredi 18 mars 2022

Vidéoconférences Samedi 26 mars 2022

Grégoire JOUCLAS (Inalco)

14h-14h45 suivie de discussion d’une demie heure

« Éthique et pensée politique de WATSUJI Tetsurô. À propos du rôle structurant de la dialectique hégélienne. »


Quentin BLAEVOET (Université de Strasbourg / CRePhAC, UR2326)

15h20 - 16h05 suivie de discussion d’une demie heure

« Tanabe Hajime (1885-1962) et la modernité philosophique. La « dialectique absolue » et le « monisme du phénomène ».


Pour le lien Zoom, prière de contacter : takako.saito@inalco.fr
contact courriel : takako.saito@inalco.frakinobukuroda@gmail.com, arthur.mitteau@univ-amu.fr, simon.ebersolt@gmail.com


Résumé (G. Jouclas)

On a beaucoup parlé de Heidegger dans le système éthique de Watsuji, surtout via l’influence de Fûdo (1935), son seul ouvrage traduit en français. Dans ce dernier, en effet, la philosophie de Heidegger est déterminante en ce sens qu’elle permet d’évacuer le dualisme cartésien et de repenser la « quotidienneté » de l’existence humaine dans son rapport essentiellement subjectif avec la nature. Par extension, on en a fait un pôle majeur de l’éthique watsujienne. Cependant, pour vraiment saisir les fondements de Rinrigaku (1937-49), il faudrait plutôt, selon nous, se tourner vers le Système de la vie éthique (1802-03) de Hegel. Cet ouvrage constitue un véritable socle car il annonce la dialectique de l’interrelation ainsi que l’importance fondamentale des communautés humaines. C’est précisément le cœur de l’éthique watsujienne. On ne comprend cela qu’en analysant Ningen no gaku toshite no rinrigaku (1934), un ouvrage beaucoup moins lu que Fûdo.
Du point de vue politique, nous pensons de même que c’est à partir de Hegel que Watsuji a voulu s’inscrire dans le « dépassement de la modernité » (critique de la rationalité occidentale), un enjeu politique majeur à son époque. C’est Hegel, pensons-nous, qui va être son principal outil pour justifier un système de communautés intégrées au plus haut sommet par l’État, sous l’égide de l’empereur.
Pour soutenir notre théorie, nous allons procéder en deux temps. D’abord, nous retracerons les fondements philosophiques de l’éthique watsujienne en comparant l’influence de Heidegger avec celle de Hegel. Dans un second temps, nous allons voir du point de vue politique comment le projet de Watsuji s’inscrit dans la tendance nationaliste de son époque, et comment la philosophie hégelienne a été l’outil majeur d’un système éthique dont la légitimité a été fortement remise en cause après la défaite.


Résumé (Q. Blaevoet)

Peut-être parce qu’il avait conscience d’appartenir à une période charnière de l’histoire de son pays et du monde, et sans nul doute parce qu’il voulait en être un acteur central, Tanabe a toute sa carrière cherché à prolonger et développer dans une direction originale ce qu’il considérait comme une philosophie répondant aux exigences théoriques de son époque, à incarner, donc, la « modernité philosophique ». Sa rencontre à Fribourg avec Heidegger, à la fin de l’année 1922, fut à cet égard particulièrement déterminante. Tanabe vit dans la phénoménologie du jeune Privatdozent une solution au problème de la Zweiweltentheorie qui, depuis Platon, « coupait en deux le monde». La même volonté d’embrasser la modernité philosophique motivait sa tentative, en 1931, d’interroger et de radicaliser l’anthropologie alors contemporaine, cette fois avec mais contre Heidegger, dans un geste qui peut apparaître comme la première étape du renversement de la philosophie de son maître allemand que sa propre philosophie voulait ultimement opérer2. C’est que, dans son article intitulé La position de l’anthropologie3, Tanabe cherche à redéfinir l’anthropologie à partir de son objet — l’homme et les modes d’être dans lesquels il se donne comme total — et de sa méthode — l’ontologie « auto-éveillante » de Heidegger. La même année, Husserl reprochait à Heidegger l’anthropologisme de sa position et le « retournement complet de la prise de position principielle [de la phénoménologie» dans un article intitulé Phénoménologie et anthropologie4. Pour Tanabe, en revanche, l’ontologie heideggerienne n’avait pas encore atteint le niveau de l’anthropologie, dans la mesure où elle « s’arrêt[aitau niveau auto-éveillant (c’est--dire autoexplicitatifde l’être, là où [l’anthropologieest l’unification réciproquement médiatrice de l’auto-explicitation de l’être et des déterminations dialectiques de l’étant». Ce que cela veut dire, c’est que le Dasein peut bien s’(auto-)éveiller à son propre être, il ne se donnera jamais que partiellement aussi longtemps que le tout de l’étant est réduit à un outil à sa disposition. Il s’agit pour Tanabe de souligner, contre Heidegger, que « mon être ne se constitue que dans un rapport dialectique avec l’être transcendant du moi total [c’est--dire la communauté du Je et du Tuqui ne se laisse en aucune manière saisir originairement comme quelque chose qui m’appartient», et que, faute d’avoir pris en compte « l’être-dialectique d’un tel homme individuel, [son ontologiene peut saisir les conditions de la communauté totale, ni la coexistence oppositionnelle du Je et du Tu des hommes individuels qui médiatisent cette communauté totale». L’anthropologie tanabéenne se fonde ainsi sur une position « onticoontologique » véritablement « concrète » dans la mesure où l’être-humain se donne comme total — ce que Tanabe nomme « détermination ontique » — par la médiation de son (auto-)éveil dialectique à l’être-total du Dasein — le Je et le Tu qui se saisissent précisément comme consciences et que Tanabe appelle des « déterminations ontologiques». Le « renversement » de la phénoménologie herméneutique de Heidegger devait ainsi passer par un « retour à Hegel ». On connait cependant la critique qu’adressa Heidegger à Hegel dans Qu’est-ce que la métaphysique ?, à savoir que

c’est le Néant qui est l’origine de la négation, et non l’inverse. Si la puissance de l’entendement se voit ainsi brisée dans le champ de la question concernant le Néant et l’Être, c’est également le destin du règne de la « Logique » à l’intérieur de la philosophie qui se trouve décidé. L’Idée même de la « Logique » se dissout dans le tourbillon d’une interrogation plus originelle9.

Comme le rappelle brillamment Françoise Dastur, « ce qui différencie le Dasein du sujet tel qu’il a été conçu dans le cadre de l’idéalisme allemand », c’est que « loin de constituer par lui-même la source du néant et du néantir, être un Dasein signifie au contraire (...“se trouver retenu dans le néant”, ce qui advient par cette “disposition fondamentale qu’est l’angoisse10” ». Le néant qui, chez Tanabe, sépare le Je du Tu n’est-il pas, au bout du compte, ce néant de l’entendement, logique et second, auquel un plus jeune Tanabe voulait pourtant accéder ? Tanabe n’a-t-il fait autre chose que singer ce geste typiquement heideggerien qui consiste à faire de la science du maître la méthode d’une science plus « fondamentale » ? Ce « retour à Hegel » n’est-il pas, plutôt qu’un pas en avant, un pas en arrière ou, pour le dire autrement, une « entorse » à la « modernité philosophique » que caractérise le « monisme du phénomène » décrit dans les premières lignes de L’être et le néant ? C’est à ces questions que je tenterai de répondre au cours de mon intervention.

TANABE Hajime (1924), Genshgaku ni okeru atarashiki tenk, « Le nouveau tournant en phénoménologie. La phénoménologie de la vie de Heidegger ». In Tanabe Hajime Zensh, « Œuvres complètes de Tanabe Hajime » ; ci-après abrégé « THZ »), Vol. 4, Tkyō : Chikuma Shob, 1963, 17-34.

TANABE Hajime (1959), « Ontologie de la vie ou dialectique de la mort ? ». Traduit par Sugimura Yasuhiko, in Dalissier, Michel, Nagai Shin & Sugimura Yasuhiko (ed.)Philosophie japonaise. Le néant, le monde et le corps, Paris : Vrin, 2013, 293-5.

TANABE Hajime (1931), Ningengaku no tachiba. THZ 4, 355-382.

Edmund HUSSERL (1931), « Phénoménologie et anthropologie ». In Edmund Husserl, Notes sur Heidegger, édité par Didier Franck, Paris : Les Éditions de Minuit, 1993, 57. 

THZ 4, 363.

Ibid., 364.

Ibid.

Ibid.

Martin HEIDEGGER, « Qu’est-ce que la métaphysique ? » (1929). Traduit par Henry Corbin, in Questions I et II, Paris : Gallimard, 1968, 65.

10 Françoise DASTUR, « Heidegger et Hegel : Distance et proximité », Revue germanique internationale [En ligne], n°24 (2016), mis en ligne le 01/01/2020, consulté le 16/02/2022. URL : http://journals.openedition.org/rgi/1622 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rgi.1622. Dastur cite Heidegger, ibid., 62.

mardi 9 novembre 2021

Colloque « Les concepts en traduction japonaise » 25-26 novembre 2021

 Colloque international

Organisé par Simon Ebersolt (IFRAE, INALCO), Thierry Hoquet (IREPH, Université Paris Nanterre) et Kuroda Akinobu (Université de Strasbourg)

​​

Date : les 25-26 novembre 2021

Lieu : Université Paris Nanterre, Bâtiment Maier, 

Salle V 216 (Salle des conseils) 

 

 

Jeudi 25 novembre 2021

 

Matinée

10h-10h40: Introduction (Thierry Hoquet)

10h40-11h20: Philosophie : tetsugaku 哲学  (Abiko Shin) (à distance)

11h20-12h00: Univers[el] : tenchi 天地sekai 世界fuhen 普遍... (Michael Lucken)

 

12h00-14h00: Pause

 

Après-midi

14h00-14h40 : Commun : kyôdô 共同kyôtsû 共通 (Simon Ebersolt) (à distance)

14h40-15h20: Réalité : jitsuzai 実在genjitsu 現実riaritii リアリティー... (Morten Jelby(à distance)

 

15h20-15h30: Pause

15h30-16h10 : Société : shakai 社会 / Individu : kojin 個人 (Emmanuel Lozerand)

16h10-16h50 Sujet : shukan 主観shutai 主体shugo 主語  (Kuroda Akinobu)



Vendredi 26 novembre 2021

 

Matinée

 

10h-10h40: Existence (Existenz) : jitsuzon 実存 et Être (Sein) : sonzai 存在 (Gôda Masato) (à distance)

10h40-11h20: Selbstbewusstsein : jikaku 自覚 (Quentin Blaevoet)

11h20-12h00: Sentiment :  kanjô 感情 (Uehara Mayuko) (à distance)

 

12h00-14h00: Pause

 

Après-midi

14h00-14h40: Esthétique : bigaku 美学 ? (Arthur Mitteau)

14h40-15h20: Liberté : jiyû 自由Raison et Justice : rigi 理義  (Eddy Dufourmont)

 

15h20-15h30: Pause

 

15h30-16h10: Mythe, mythologie : shinwa 神話  (Alain Rocher

16h10-16h50: Individu-Espèce-Genre ko shu rui    (Haruko Boaglio